Fan Ho – Le photographe poète

J’avais réalisé une première version de cet article en Aôut 2021.

Mes « connaissances » sur Fan HO s’étant enrichies depuis, voici une mise à jour permettant certaines précisions, rectifiant certaines données erronées et intégrant un peu plus mon interprétention du travail de ce grand photographe.

Pour ce nouveau focus sur les photographes célèbres, je vous propose de (re)découvrir l’un des précurseurs de la photographie de rue, Fan Ho.

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De Fan Ho, on sait qu’il est né à Shangai un 8 octobre mais, sans que j’ai trouvé pourquoi (en dehors de l’époque), un doute existerait sur l’année. Il s’agirait vraisemblablement de 1931 mais on évoque également 1932 et 1937…

Il faut dire que naître dans le Shangai de l’époque, c’est vivre dans une période troublée notamment à cause du conflit Sino-Japonais. (voir La guerre de Shangai).

Son père lui offre un Kodak Brownie pour ses 14 ans avec lequel il commence à photographier les rues de Shangai où il réside alors encore.

On dit qu’il développait lui même ses photographies dans la baignoire familiale.

Vers ses 18 ans, il fait l’acquisition d’un Rolleiflex 3,5 A classique auquel il restera fidèle toute sa vie.

(Néanmoins il a réalisé plus tard un certain nombre de prises de vue, notamment en couleurs, avec un Leica)

Cette même année 1949, la famille immigre à Hong Kong et il gagne un premier concour photographique.

Autodidacte, Fan Ho va alors photographier la vie urbaine, les bidonvilles, les ruelles sombres, les rues et les marchés.

En terme de photographies, Fan Ho a été le plus prolifique à l’adolescence et à la vingtaine et a créé le plus gros de son oeuvre avant d’atteindre l’âge de 28 ans.

Ses photographies montrant le drame (et la beauté ?) de la vie urbaine, allant des marchés grouillants aux ruelles désolées, constituent un énorme corpus de travail documentant la ville de Hong-kong qui n’était pas encore la mégapole, centre financier mondial, tel que nous la connaissons aujourd’hui.

Pour resituer un peu le contexte geopolitique de l’époque, la ville encore sous domination britannique (la retrocession à la chine ne se ferra qu’en 1997) a connu un gros migratoire à partir du milieu du XIXème siècle. Lors de l’occupation japonaise de la fin de 1941 à Aout 1945, la population estimée à 1.5 millions d’habitants chute à 600.000 âmes. Après la fin de la guerre mondiale, l’empire britannique ayant repris possession du territoire, la croissance démograhique repart en masse notamment en raison d’immigrés chinois fuyant l’arrivée au pouvoir des communistes. On estime l’apport de polulation nouvelle à environ 1.2 / 1.5 millions de personnes. Si la majorité reste assez pauvre en moyenne, c’est le début d’un essor économique qui de 1960 à 1970 amènera l’Ile de Hong-kong à devenir une place prépondérante de l’économie capitalisme moderne.

Le travail de Fan Ho a pris de l’importance (et de la reconnaissance) dans les années 1950 et 1960.

Cette reconnaissance lui permettra d’être repéré par l’industrie du cinéma, d’abord comme acteur puis en tant que réalisateur de films jusqu’à sa retraite.

Même s’il semble aujourd’hui que ce sont surtout ses photographies qui lui vaudront sa renommée et lui permettront d’enseigner la photographie et la réalisation de films dans une douzaine d’universités à travers le monde, il faut noter que 3 de ses films ont été choisis « sélection officielle » pour les festivals internationaux du film de Cannes, San Francisco et Berlin et que cinq autres ont été nominés pour le Hong Kong Oscar Film Award.

En Asie comme ailleurs, les villes sont de plus en plus importantes, attirent à elle la polulation (souvent miséreuse) en recherche de travail et le médium photographique joue alors un rôle majeur dans la compréhension de cette évolution sociale.

La plupart des scènes capturées de manière candide (non posées) par Fan Ho montrent un décor urbain ordinaire, les gens travaillent, se promènent , les enfant jouent. On trouve des ruelles étroites, une atmosphère très particulière…

Ce qui frappe dans l’oeuvre de Fan Ho, outre son extraordinaire maitrise de la lumière, c’est l’aspect très poétique de ses compositions. Il y fait montre de beaucoup d’humanité. Ce qu’il a capturé, c’est l’âme de sa ville…

Une autre chose est très marquante à mes yeux, c’est la représentation de la solitude. Comme si, Fan Ho, était resté malgré tout un étranger seul dans cette grande ville…

Comme Cartier-Bresson, Fan Ho était un partisan du « moment décisif ». Il attendait la fraction de seconde où le photographe observateur voit une scène géométriquement équilibrée pour déclencher l’obturateur.

A la différence d’une Vivian Maier (Voir l’article qui lui est consacré) qui parcourait inlasseblement les rues et saisissait lle « moment décisif » au vol, on notera que Fan Ho est plus un chasseur à l’affut. Il repère un endroit propice et il attend l’élément qui donnera le petit plus à sa photo…

Ainsi le même cadre servira-t-il à plusieurs prises de vue…

Bien sûr, il aime aussi le côté maritime de Hong-kong et de son port. Là aussi, il joue de la brume, des contre-jours et du contraste.

Fan Ho considérait que son inspiration trouvait source dans toutes les formes d’art, la photographie bien sûr mais aussi la musique, la peinture et la poésie.

Sa culture asiatique ressort particulièrement sur certaines de ses images.

Si l’on se réfère à l’âge de Fan Ho à l’époque où il a capturé l’essentiel de ses images, on pourra comprendre encore plus son intérêt pour des enfants finalement guère plus jeunes que lui lors de son arrivée dans cette nouvelle ville.

Sur le plan plus précis de la composition, on constate que Fan Ho aimait isoler son sujet par les jeux du contraste, jouait énormément de la brume et de la fumée mais également des formes géométriquess.

Sa photo la plus emblématique en la matière étant vraisemblablement « Approaching Shadow » prise en 1954.

Approche de l’ombre © Fan Ho

Cette photo nous amène d’ailleurs à une autre particularité de Fan Ho : son travail dans la chambre noire qu’elle fût celle de sa jeunesse (la fameuse baignoire familiale) comme l’utilisation des logiciels de post-traitement à partir de 1990.

Pour la photo « Approaching shadow », on sait aujourd’hui que Fan Ho a d’abord demandé à l’une de ses cousines de poser contre le mur. L’ombre portée n’a été ajoutée qu’ensuite au tirage pour matérialiser l’idée de la jeunesse qui s’enfuie…

A partir de 1990, Fan Ho va expérimenter au post-traitement ce qu’il avait déjà un peu réalisé avec son rolleifliex, la sur-impression…

Quand on sait que Fan Ho a utilisé essentiellement un rolleiflex, et donc un format carré, on comprend aussi qu’il ne s’interdisait rien au recadrage ce qui explique le format de certaines de ces images.

Sur le même principe, les différences de cadrage, de corolimétrie et de lumininosité (totale ou partielle) que l’on peut constater dans certaines de ses images trouvent leurs origines dans le travail ultime de Fan Ho qui jusqu’à la fin de sa vie a oeuvré sur ses négatifs !

Au cours de sa vie, Ho aura été récompensé par près de 300 prix en participant à des concours. I

Il a été membre de la Royal Photographic Society, de la Royal Society of Art et membre honoraire de nombreuses sociétés photographique sur le globe (Singapour, Argentine, Chine, Brésil, Allemagne, France, Italie, Belgique).

En se penchant sur l’oeuvre de Fan Ho, on peut comprendre toute l’influence qu’il a eu dans le développement de la photographie de rue qu’on attribue généralement trop exclusivement aux USA et à la France.

On voit aussi toute l’importance que peut avoir ce type de photographie d’un point de vue sociologique. Fan Ho a su y apporter un côté humaniste et poétique tout montrant la réalité du peuple d’Hong-Kong.

Fan Ho, né Hong-kongais Britannique, devenu Américain, meurt le 19 juin 2016 à San José, des suites d’une pneumonie.

J’espère que ce petit opus vous aura plu. N’hésitez pas à me laisser un commentaire, cela me fera plaisir ;+)

Pour en savoir un peu plus quelques liens vers des vidéos sympas :

En Anglais
En Anglais
En Français

Et bien sûr Wilkipédia qui vous permettra de lien en lien de tout connaître sur ce magnifique photographe https://fr.wikipedia.org/wiki/Fan_Ho

4 Comments on “Fan Ho – Le photographe poète

  1. Instructif et très bien documenté. J’aime beaucoup ce que vous faîtes.

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  2. Bravo pour vos recherches et blog.
    Très instructif, de plus cela me fait découvrir un style ,avec la traversée de ce siècle.
    Merci beaucoup

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