Nous y voilà… Dans ce blog, je voulais donner une grande place à tous les photographes nourrissant ma découverte de la photographie.
Pour un premier article, il s’est imposé à moi de commencer par une femme, tant leur place et leur importance sont trop souvent méconnues alors que leur travail a largement contribué à l’Histoire de la photographie.
Mais par laquelle débuter ? De Julia Margaret Cameron à Lisa Sarfati, la liste est impressionnante en nombre comme en qualité.
Après un petit choix personnel, j’ai soumis trois noms aux lecteurs de ma page Facebook : Dorothéa Lange, Vivian Maier et Sabine Weiss. Et c’est cette dernière qui a été choisie d’une courte tête.
Très bon choix d’ailleurs, puisque Sabine Weiss, qui va tranquillement sur ses 100 ans (elle est née le 23 juillet 1924), aura oeuvré dans multiples secteurs de la photographie pendant plus de 60 ans.
Née en Suisse à Saint-Gingolph, elle s’intéresse très jeune à la photographie. Elle aurait acheté son premier appareil photo à l’âge de 11 ans. Elle fait ses classes à Genève dans le studio de Paul Boissonnas avant de se rendre avec son Rolleiflex à Paris en 1946, après avoir décroché son certificat de capacité comme photographe (1945).
Elle dira que, de suite, elle avait compris que ce voyage serait « sans retour » tant elle tombe amoureuse de Paris. Sur recommandation d’un ami, elle y trouve un travail d’assistante dans le studio du photographe de mode allemand Willy Maywald (au 22, rue Jacob) de retour depuis peu dans la capitale française après la seconde guerre mondiale.
Les conditions de travail sont alors très précaires (pas d’eau, pas de toilettes, pas de téléphone…) mais cela lui donne l’opportunité de côtoyer le monde de la mode (notamment l’ouverture de la maison Dior) et des artistes.
En 1950, elle va épouser le peintre américain Hugh Weiss rencontré lors d’un voyage en Italie en 1949 (qui restera son époux jusqu’au décès de celui-ci en 2007) et ouvrir son propre studio dans leur maison du 29 Boulevard Murat. Les conditions sont toujours modestes mais elle aime à dire « c’était comme ça… ».
Elle travaille parce qu’elle aime photographier mais aussi pour vivre. Une de ses premières commandes sera de photographier les vitrines du Printemps.
Un jour dans les locaux de Vogue, un homme est là lorsqu’elle s’y trouve pour présenter ses photos. Cet homme, c’est Robert Doisneau. En connaisseur, il apprécie le travail de Sabine Weiss et lui offre d’entrer au sein de l’agence Rapho, alors première agence de presse française.
Si elle avouera plus tard ne pas beaucoup avoir cotoyé ses confrères photographes, elle fréquente en revanche le milieu artistique, notamment les peintres, les musiciens et celui du cinéma. Elle en tirera de nombreux et sublimes portraits.
Elle voyage beaucoup de par le monde en tant que photojournaliste et en rapporte forcément de nombreux clichés.
Tout au long de sa vie, elle va photographier. Elle aime dire à juste raison qu’elle a beaucoup travaillé, et dans tous les domaines, tantôt dans la publicité, tantôt dans la mode, sur les natures mortes, sur la politique… Elle raconte souvent que les agences pour lesquelles elle travaillait la pensaient spécialisée dans tel ou tel type de photos alors qu’elle touchait à presque absolument tout. La seule chose qu’elle n’aura peut-être pas couvert ce sont les conflits, les guerres ou les émeutes.
Pour elle, un photographe doit avant tout documenter. Alors elle photographie pour honorer ses commandes mais sans jamais oublier son travail personnel en privilégiant les valeurs humaines et l’humain en général. Elle dit « Ce qui me plait beaucoup, ce sont les atmosphères ».
Son oeuvre est phénoménale et constitue une importante source historique et sociologique, en témoigne le nombre de ses expositions tant individuelles que collectives.
On la classe souvent comme une photographe de l’école humaniste dont Doisneau est l’un des plus connus mais elle avoue ne pas trop aimer être classée dans une catégorie précise. Elle revendique plus le titre d’artisan(e) que celui d’artiste…
Son travail, basé sur une curiosité sans fin, évoque souvent la solitude et l’enfance. Elle montre parfois la détresse, la pauvreté mais toujours avec beaucoup de compassion, sans dédain ni cruauté.
Les photos choisies pour agrémenter cet article sont bien évidemment plus représentatives de mon propre choix que celles de l’oeuvre entière de Sabine Weiss.
On en retiendra quelques unes devenues iconiques dont, entre autres :
Sabine Weiss a fait don de ses archives (200.000 négatifs, 7.000 planches contacts, 2.700 tirages de l’époque plus 2.000 « tardifs », 3.500 tirages de travail et 2.000 diapositives) en 2017 au Musée de l’Elysée à Lausanne. Ce dernier a prévu de les conserver et de les valoriser dans le nouveau musée du quartier des arts de Lausanne à partir de l’automne 2022.
Mme Weiss a été désignée en 2020 comme Lauréate du prix Woman in Motion pour la photographie (Les rencontres de la photographie, Arles). Elle est également Officier des Arts et des Lettres et citée à l’Ordre National du Mérite.
Pour en connaître plus sur le travail formidable de Sabine Weiss, vous aurez le choix parmi les innombrables livres qui illustrent son oeuvre. Vous n’aurez pas de mal à trouver sur le web en neuf ou occasion mais comme je suis sympa, voici le dernier :
J’espère que vous aurez pris plaisir à parcourir cet article.
Vous pouvez retrouver le site complet cette photographe avec le lien suivant (il m’a beaucoup aidé pour l’écriture dudit article…) : https://sabineweissphotographe.com/index.html
Je vous invite égalment à découvrir une de ses dernières interviews réalisée par Laurent Breillat et Thomas Hammoudi pour la chaîne YouTube Apprendre la Photo
Je vous dis à bientôt pour la découverte d’un ou d’une autre photographe !
Nota : Cette grande dame de la photo nous a quitté le 28 décembre 2021 à l’âge de 97 ans. Qu’elle repose en paix…
Super!!! Je n’avais pas remarqué que c’était un de tes posts Thierry quand j’ai cliqué sur la photo à choisir ( j’avais choisi la 2).
Après l’écriture, la photo!! 😉
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Hello, oui ça me tient lieu de respirateur artificiel depuis un moment ;+)
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